L'Arcom rejette un projet de radio entièrement en breton, suscitant une controverse sur les langues régionales dans les médias.
- Radio Breizh proposait la première station 100% en breton
- Le projet bénéficiait d'un large soutien politique local
- L'Arcom a préféré une station de jazz, ignorant la diversité linguistique
- Cette décision soulève des questions sur la place des langues régionales dans les médias
La décision de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de rejeter le projet d'une radio 100 % en breton a suscité une vive controverse en Bretagne. Cette décision, perçue comme une discrimination par les défenseurs de la langue bretonne, soulève des questions sur la place des langues régionales dans le paysage médiatique français.
Un projet ambitieux porté par Radio Breizh
Radio Breizh, forte de son expérience de 40 ans dans le domaine de la radio associative, avait élaboré un projet audacieux : créer la première station de radio entièrement en langue bretonne. Cette initiative s'inscrivait dans le cadre du déploiement de la technologie DAB+ (Digital Audio Broadcasting), successeur de la FM, qui offrait de nouvelles opportunités de fréquences en Bretagne.
Alan Kloareg, président de Radio Breizh, explique : « Notre ambition était de donner une voix à la culture bretonne et de promouvoir la langue de manière inédite. Nous voulions créer un espace médiatique unique, entièrement dédié au breton. »
Le projet bénéficiait d'un soutien unanime des acteurs locaux :
- Les présidents des cinq départements bretons
- Les députés et sénateurs de la région
- Le conseil régional de Bretagne
Malgré cet appui politique solide, l'Arcom a finalement opté pour un autre projet radiophonique, laissant les défenseurs de la langue bretonne dans l'incompréhension.
Une décision controversée de l'Arcom
La décision de l'Arcom de rejeter le projet de Radio Breizh au profit d'une station de jazz a provoqué une onde de choc dans la communauté bretonnante. Yann-Fañch Kerneis, trésorier de Radio Breizh, exprime son désarroi : « La langue bretonne est invisibilisée. Cette décision ignore la réalité culturelle de notre territoire et montre que les élus locaux ne sont pas écoutés. »
Ce choix est d'autant plus difficile à accepter pour les porteurs du projet que :
- Il s'agira de la deuxième radio de jazz dans la région
- Aucune radio entièrement en breton n'existe actuellement
- Le projet s'inscrivait dans le plan de réappropriation des langues adopté par le conseil régional en décembre 2023
Alan Kloareg souligne : « C'est une atteinte à la diversité des médias et une occasion manquée pour la pluralité linguistique. Des radios en français, il y en a beaucoup. En breton, c'est zéro. »
Les enjeux de la diversité linguistique dans les médias
La controverse autour du rejet du projet de Radio Breizh soulève des questions fondamentales sur la place des langues régionales dans le paysage médiatique français. Selon les chiffres de l'Office public de la langue bretonne, en 2018, on comptait environ 207 000 locuteurs du breton, soit 5,5% de la population bretonne.
La préservation et la promotion des langues régionales sont des enjeux cruciaux pour maintenir la diversité culturelle. Un tableau comparatif illustre la situation actuelle :
Langue | Nombre de locuteurs | Radios 100% dans la langue |
---|---|---|
Français | 67 millions (en France) | Nombreuses |
Breton | 207 000 | 0 |
Cette disparité met en lumière les défis auxquels sont confrontées les langues régionales pour maintenir leur vitalité dans l'espace public. La création d'une radio 100% en breton aurait pu jouer un rôle crucial dans la transmission de la langue et la valorisation de la culture bretonne.
Perspectives d'avenir pour le projet
Malgré ce revers, les défenseurs de la langue bretonne ne baissent pas les bras. Radio Breizh envisage de représenter son projet lors de la prochaine opportunité. Néanmoins, Alan Kloareg tempère les attentes : « Les fréquences sont rares et chères. Nous espérons pouvoir renouveler notre candidature, mais les occasions ne se présentent pas souvent. »
En attendant, les stations existantes du réseau Radio Breizh, implantées à :
- Landerneau
- Plonéis (Finistère)
- Pontivy (Morbihan)
- Rostrenen (Côtes-d'Armor)
- Saint-Herblain (Loire-Atlantique)
continueront de proposer du contenu partiellement en breton sur leurs ondes, maintenant ainsi une présence de la langue dans le paysage radiophonique régional.
La controverse autour du rejet de ce projet de radio 100% en breton met en lumière les défis persistants pour la promotion des langues régionales en France. Elle souligne également l'importance du dialogue entre les autorités de régulation et les acteurs locaux pour garantir une diversité culturelle et linguistique dans les médias. L'avenir dira si ce projet pionnier pourra un jour se concrétiser, offrant ainsi à la langue bretonne un nouvel espace d'expression et de transmission.