La Fête de l'agriculture organisée à Nozay les 24 et 25 août 2024 par les Jeunes agriculteurs de Loire-Atlantique a été l'occasion de prendre le pouls du secteur agricole, six mois après les importantes mobilisations qui avaient secoué la France. Si la colère ne s'exprime plus dans les rues, elle reste bien présente chez de nombreux professionnels du département, qui font face à des défis persistants.

Un sentiment de frustration toujours palpable

Les agriculteurs rencontrés lors de cet événement n'ont pas caché leur sentiment de frustration persistant. Malgré les promesses faites par le gouvernement au plus fort de la crise, beaucoup estiment que les avancées concrètes tardent à se matérialiser. Les réactions observées, allant du haussement d'épaules au soupir résigné, témoignent d'un climat de lassitude et de méfiance.

Parmi les principaux motifs d'insatisfaction, on retrouve :

  • La stagnation des prix de vente face à l'augmentation des coûts de production
  • La complexité administrative croissante
  • Les inquiétudes liées aux changements climatiques
  • Le manque de reconnaissance du métier

Selon un sondage réalisé auprès des participants, près de 70% des agriculteurs interrogés jugent que leur situation ne s'est pas améliorée depuis les manifestations de l'hiver dernier. Ce chiffre souligne l'ampleur du travail restant à accomplir pour répondre aux attentes du monde agricole.

Les enjeux spécifiques de la Loire-Atlantique

La Loire-Atlantique, avec ses 6 800 exploitations agricoles recensées en 2020, présente des caractéristiques propres qui influencent la situation de ses agriculteurs. Le département se distingue par une grande diversité de productions, allant de l'élevage bovin à la viticulture en passant par le maraîchage.

Cette variété, si elle constitue une richesse, expose également les exploitants à des problématiques multiples :

Filière Principaux défis
Élevage bovin Volatilité des prix du lait, bien-être animal
Viticulture Aléas climatiques, concurrence internationale
Maraîchage Pression foncière, gestion de l'eau

La proximité de grandes agglomérations comme Nantes et Saint-Nazaire accentue la pression sur le foncier agricole, une préoccupation majeure pour de nombreux exploitants. La Chambre d'agriculture de Loire-Atlantique estime qu'environ 1 000 hectares de terres agricoles disparaissent chaque année au profit de l'urbanisation et des infrastructures.

Des initiatives locales pour faire face aux défis

Face à ces difficultés, les agriculteurs de Loire-Atlantique ne restent pas inactifs. De nombreuses initiatives émergent pour tenter d'améliorer la situation du secteur. La Fête de l'agriculture a été l'occasion de mettre en lumière certaines de ces démarches innovantes :

  1. Développement des circuits courts : de plus en plus d'exploitants misent sur la vente directe ou les AMAP pour valoriser leur production
  2. Diversification des activités : l'agrotourisme et la production d'énergie renouvelable gagnent du terrain
  3. Adoption de pratiques agroécologiques : pour réduire les coûts et améliorer la résilience face au changement climatique
  4. Renforcement des coopératives : pour mutualiser les moyens et peser davantage dans les négociations commerciales

Ces initiatives, si elles sont encourageantes, ne suffisent pas à elles seules à résoudre l'ensemble des problèmes du secteur. Les agriculteurs appellent de leurs vœux une véritable politique agricole départementale et régionale qui puisse accompagner ces démarches et offrir une vision à long terme pour la profession.

Perspectives et attentes pour l'avenir

Si la colère des agriculteurs de Loire-Atlantique reste vive six mois après la crise, elle s'accompagne également d'une volonté de construire l'agriculture de demain. Les participants à la Fête de l'agriculture ont exprimé leurs attentes pour l'avenir du secteur :

Une meilleure reconnaissance de leur rôle dans la société, notamment en termes de souveraineté alimentaire et d'entretien des paysages, figure en tête de liste. Les agriculteurs souhaitent également une simplification administrative et une politique agricole plus cohérente entre les différents échelons (européen, national, régional et local).

L'adaptation au changement climatique apparaît comme un défi majeur pour les années à venir. Les exploitants demandent un accompagnement renforcé pour faire évoluer leurs pratiques et leurs cultures. Enfin, la question de la transmission des exploitations reste cruciale dans un contexte de vieillissement de la population agricole.

La persistance de la colère des agriculteurs de Loire-Atlantique, six mois après la crise, témoigne de l'ampleur des défis auxquels le secteur est confronté. Si les initiatives locales et l'esprit d'innovation des exploitants offrent des perspectives encourageantes, elles ne sauraient se substituer à une politique agricole ambitieuse et concertée. L'avenir de l'agriculture dans le département dépendra de la capacité collective à répondre aux attentes exprimées par la profession.